L'article soldé [PV: Kör]

Il existe de nombreuses raisons aux personnes lambda pour s'arrêter devant une quelconque animalerie. En général, on observe les petits animaux, souvent encore petit, qui sont exposé en vitrine, et qui sont sensés attirer le regard. La logique veut qu'en s'extasiant devant de si jolies petites choses, notre oeil soit attiré par l'intérieur du magasin, et ainsi nous nous laissons gaiement prendre au piège, en posant pied dans la fameuse boutique. En général, les gens ne font que regarder les animaux. Il y a de forte chance pour qu'ils repartent sans prendre une des nombreuses bestioles qui peuplent la boutique.

Les dernières boutiques animalières ne font pas exception à cette règle. Les magasins de Neko sont devenus les dignes héritiers des animaleries standard, en présentant toujours les plus mignon neko possible, afin d'attirer notre oei. Pour le reste, il n'est pas rare pour qu'une personne sans motivation particulière soit amenée à finalement prendre un neko, fasciné par l'un d'eux, ou convaincu de l'utilité domestique de ces nouveaux êtres. Mais il arrive pourtant que, quelque fois, ce ne soit pas un article mignon et relativement cher qui orne la vitrine, mais ce que l'on appelle un article soldé.

La plupart du temps, c'est un invendu, un truc qui traine depuis trop longtemps ou bien un article défectueux. Pourtant, cette fois là était une exception des plus remarquables. Le Propriétaire du magasin avait joué ce qu'on pouvait appeler un coup de maître, et la boutique affluait de monde. Les gens n'avaient jamais vu pareil neko. Non pas par son étrangeté, sa beauté, mais car il s'agissait d'une femme adulte.

Elle était très grande, et prenais toute la place dans la vitrine. Le petit espace vitré avec été mis en scène, de façon à ce que la singularité du neko soit bien souligné. On retrouvait donc une très belle femme, assise dans ce qui semblait être un fauteuil européen, en train de lire. Il était rare pour un neko d'être ainsi installé. Mais le vendeur, en misant sur un tel aspect, ne souhaitait qu'une chose, se débarrasser de la femme qui siégeait dans la vitrine.

De son fauteuil, elle pouvait voir les gens la dévorer du regard. Un regard curieux et fasciné. Elle devinait que beaucoup se demandait pourquoi un si bel article était à un si petit prix, c'était non seulement bas, mais c'était un prix qui correspondait aux nekos bas de gamme. Peut être était-ce du à l'étrange absence de son oreille gauche, mais, ce genre de petit détail, au contraire, ne faisait qu'augmenter le prix de la marchandise d'ordinaire. Voilà une chose surprenante, pour un article soldé, c'était quand même sacrement soldé. Peut être même donné. Et dès que la jeune femme leur jetait un regard, les gens s'écartaient, comme s'ils étaient accusés de crime lèse-majesté. Elle trouvait cela terriblement amusant, et esquissait parfois un charmant sourire.

Néanmoins, le vendeur, tapit derrière son comptoir, n'avait q'un regard étrangement réprobateur et haineux à l'égard de la neko, et dès qu'il la voyait s'amuser un peu, il lui criait dessus, l'intimant de se taire. Il n'avait pas préciser les raisons de cette soudaine solde dans le magasin, de peur qu'elle ne lui reste sur les bras longtemps, il n'esprait qu'une chose, se défaire de ce dangereux article, aussi beau qu'effrayant. Solaris se taisait un instant, puis se replogeait dans les pages de son livre, en murmurant les mots, de façon à bercer sa journée, dans cette petite vitrine, aux regards des autres.

Cette nuit avait été plutôt agréable. Il avait rêvé de belles choses. De ses parents, notamment, et de ses frère et soeur. Il était dans son Pays, chez lui, à profiter d'un repas en famille. Cependant, en se réveillant, il put remarquer que les visages devenaient de plus en plus flous. Il commençait à oublier. Pareil pour les couleurs. Avaient-elles toujours été comme ça? Etaient-elles trop fades? Ou au contraire, trop vives? Il n'en savait plus vraiment rien. Même s'il avait encore de bons souvenirs. Pourtant, ça lui faisait peur. Tout ce qu'il lui restait de sa famille, c'était ces images. Il n'avait rien d'autre de matériel à sentir, à toucher... pour se remémorer. Or, un jour, il ne saurait probablement plus à quoi ils ressemblaient.

Kör se recroquevilla dans son lit, serrant son coussin dans ses bras. Il ne voulait décidément pas se lever, malgré les deux rappels qu'on lui avait gentiment crié derrière la porte du dortoir. Dortoir qu'il se devait de partager avec d'autres enfants, puisqu'il se trouvait dans un orphelinat. Malgré ses phases de violence, le personnel se disait que le mettre dans une pièce à part n'améliorerait pas son état, ni ses relations sociales. C'est ainsi que ses compagnons devaient subir ses sarcasmes et ses accès brutaux. Kör, quant à lui, préférerait partir d'ici, ne s'entendant pas vraiment avec les autres. Certains se montraient compatissant à son égard, d'autres profitaient de son invalidité pour se moquer, et le reste y étaient indifférents. Le jeune égyptien, lui, appréciait cette dernière catégorie, parce qu'au moins, ils le laissaient tranquille.
D'ailleurs, sa tranquilité fût brisée quand, pour la troisième fois, la voix de Mme Soma se fit entendre. Exaspéré, il dit dans un souffle:

"C'est bon c'est bon, j'me lève..."

Et sur ces mots, il s'exécuta. Il saisit sa canne blanche, et tâtonna le sol pour se repérer dans une pièce qu'il connaissait -mais ne savait-on jamais, une chose pouvait bien traîner par ci par là- après s'être habillé, pour enfin sortir de la pièce. Mme Soma l'avait attendu pour lui faire des reproches, et le suivait d'un pas lourd et agaçant. Bien entendu, tout ce qu'elle pouvait bien baragouinner, Kör l'éliminait direct, sans trier les choses importantes, étant donné qu'il n'y en avait pas. Il alla dans la grande salle pour aller manger, seul, comme à son habitude.
Quand il eût fini, il décida d'aller prendre l'air, et alla en informer une dame du personnel, sans quoi quand il rentrerait, il subirait à nouveau une tonne de reproches -faute d'avoir déjà tenté l'expérience. Accompagné de sa fidèle canne, il marchait donc dans les rues tranquilles de la ville. Même si "tranquille" était un bien grand mot pour un aveugle à qui l'ouïe est ultra-développée. Les bruits des voitures résonnaient forts dans sa tête, les voix des gens l'agaçaient, l'odeur des poubelles, de la transpiration... Ce n'était vraiment pas agréable. Il s'amusait donc à donner des petits coups "involontaires" aux passants qui croisaient sa canne de trop près, afin de se détendre. Ceux-ci ne pouvaient pas se douter qu'un jeune homme comme lui le faisait exprès. Il était bien trop "innoçent". Et pourtant...

Kör voulait écouter de la musique, et sentir l'odeur des vieux livres qu'il adorait tant. Il connaissait un magasin à 701 pas d'ici -ce n'est bien évidemment pas une façon de parler, il les a compté lui même- où il pourrait se détendre et humer ces bons parfums. Il avait déjà entâmé une centaine de pas. Cependant, ayant pris trop de plaisir à frapper les gens, il en avait perdu le fil. Etait-il à 174? Ou bien à 190? Ca faisait une sacrée différence... Bon, il verrait bien !
Arrivé à ses 701 pas, plus ou moins, il se tourna sur la gauche. Dans le principe, il devrait s'y trouver une porte vitrée. Il s'avança donc jusqu'à ce que sa canne cogne contre quelque chose, et posa sa main contre l'obstacle. C'était bien une vitre, et aussi, une porte. Il était arrivé à destination, quelle chance, il ne s'était donc pas trompé.
Il poussa ainsi la porte, et entra dans la boutique. Une petite clochette retentit, ce qui étonna le jeune homme. D'ailleurs, il n'y avait pas que ça. Les odeurs étaient complètement différentes, mis à part celles des gens poisseux. La composition de la pièce était différente elle aussi.

"Par Seth ! J'me suis trompé !" s'écria-t-il, forçant les regards à se tourner vers lui. Sentant cela, Kör se dit que pour ne pas avoir l'air idiot, il allait faire semblant qu'il était venu volontairement dans cette boutique. Il continua donc sa marche, l'air de rien.

"Yen a du monde ici..." remarqua-t-il à voix basse, alors que sa canne n'arrêtait pas de se heurter contre des pieds et des chevilles. Ces derniers lui ouvraient d'ailleurs le passage, quoiqu'un peu moins que d'habitude. C'est qu'ils devaient vraiment être fascinés par quelque chose. Sentant plusieurs souffles sur le haut de sa tête (oui il est petit) à gauche, il en conclut que ça devait se trouver sur la droite. Il se tourna donc, et s'avança jusqu'à la vitrine. Il y déposa ensuite sa main, se rendant compte qu'il ne pouvait même pas deviner ce qu'il pouvait bien y avoir. Agacé, il finit par demander avec son plus bel accent (sarcasme):

"Mais mince, qu'est-ce que c'est, à la fin?!"

Un petit silence se créa, laissant l'occasion à Kör d'entendre une chose qu'il n'avait pas perçue avant. Des bruits de feuilles... Non, des pages ! C'était... quelqu'un qui lisait un livre? A quoi bon quelqu'un qui faisait pareille activité pouvait bien plaire à tant de gens? C'était plus que louche... Où pouvait-il être tombé?

Autant le dire, la journée de Solaris allait se solder par un échec de vante cuisant. Elle le savait pertinemment, et c'est pour cela qu'elle se permettait d'agacer le "patron", en parlant à haute voix, et en s'adressant aux visiteurs. Dès qu'elle le faisait, il hurlait, et ça lui plaisait. La jeune femme avait la parole d'un humain, et la même façon d'être, mais elle devinait que, contre les 99% de ressemblance, c'est le 1% de différence qui compte le plus au humain. Elle en était chagrinée que l'on puisse prendre les nekos pour de simple bête d'apparat, comme c'était le cas pour elle. Après tout, une femme si jolie n'allait probablement pas être achetée pour faire la vaisselle. Mais probablement comme fille de joie, ou un simple objet de puissance.

Elle ne s'inquiétait donc franchement pas de son devenir. Mais ce n'était pas le cas des ses compères hybrides. Eux, ils étaient quelconque comparé à l'unique Solaris. Bien évidement ils ignoraient le point fort de son pedigree, à savoir qu'elle est devenue volontairement neko. Pour eux, cette femme était juste plus âgée qu'eux, et était surtout terrifiante. Les visiteurs ne l'auront probablement pas remarqué, mais la vitrine où se trouvait la neko était vide de tout objet contondant, ni aucune pièce de métal. Mais bien évidement, ils ne pouvaient pas savoir. Ils ne voulaient rien savoir. Ils n'étaient entré que pour observer l'étrange dame qui trônait dans une cage de verre. Car c'était nouveau, car c'était exotique, c'était nouveau pour eux.

Cependant, tandis qu'elle lisait une à une les lignes du livre, un petite agitation commença, de l'autre côté de la vitre. Au départ, elle n'y faisait franchement pas attention. Mais au bout d'un moment, elle commença à percevoir des sons plus fort. Elle finit par se détacher de sa lecture, pour enfin regarder les visiteurs de la boutique. Lorsqu'elle se tourna vers la vitre, elle remarqua un étrange personnage qui semblait s'appuyer sur le verre. Il n'était pas d'ici, cela se voyait tout de suite. Il avait un teint sur foncé. C'était plutôt jolie, en y repensant. Solaris avait toujours eut un faible pour les personnages aux physiques différents du sien. Les européens, ce n'était pas franchement sa tasse de thé. Elle se leva et alla s'accroupir de façon à être à son niveau. Si elle était restée de bout, le pauvre aurait eu son visage au niveau de ses genoux, la vitrine était surélevée.

Elle remarqua la singularité de cette personne par le regard des autres visiteurs. Ils semblaient inquiet, sur leur visage, on lisait de l'anxiété. Et ils s'étaient inconsciemment décalé d'un pas, laissant un espace de liberté au nouveau visiteur. Solaris devinait que c'était dû à sa façon de parler, son accent avait gêné les visiteurs qui ne comprenaient pas totalement ce qu'il disait. Mais aussi car il était différent d'eux.

_ Ne pas voir, c'est dommage.

Elle avait chuchoté ces mots, comme s'ils n'étaient pas destiné qu'au visiteur, mais ainsi qu'à tous les autres. Elle n'était pas stupide, et avait rapidement repérer la canne blanche qu'il tenait. Lui ne voyait pas les images, mais les autres, étaient, au final, tout autant aveugle, bornés dans l'infime différence entre les humains et les nekos. Mais Solaris ne les plaignait, que ce soit l'aveugle biologique, ou les aveugles psychiques. Elle s'en moquait, elle n'avait fait que constater. La jeune femme toucha du bout des doigts la main de l'inconnu à travers la vitre, et lui adresse enfin la parole.

_ Qu'est-ce que c'est ? C'est une jeune femme, qui te ressemble en tout point, mais donc l'unique différence fait d'elle un animal, que l'on met dans une vitrine.

Kör, toujours devant la vitrine, tendait l'oreille aux moindres petits bruits qu'il pouvait entendre de là dedans. Les sourcils froncés, il avait à peine remarqué que les gens s'étaient un peu écartés. Il commençait à s'y habituer de toutes façons. Soudain, une voix s'éleva de derrière la vitre. Elle ne semblait pas très loin, et malgré le fait qu'elle ait chuchoté ces mots, il put les comprendre parfaitement. Il ne savait pas trop ce qu'elle avait voulu dire par là. Parlait-elle de lui, étant donné qu'il était aveugle? Probablement. Et puis, mince, il s'en fichait bien ! Surtout qu'à présent, il put entendre et presque sentir que quelque chose avait touché la vitre, à proximité de sa main. Probablement celle de la femme qui se tenait ici. C'était bien étrange, pensa-t-il un instant. Puis il fût à nouveau coupé par sa voix, qui semblait à la fois si froide et monotone.

Il mit un peu de temps à comprendre ce qu'elle venait de dire, la tournure de la phrase et les circonstances avaient du le faire un peu plus réfléchir. Puis, ses sourcils se soulevèrent légèrement, ses yeux vides se perdant dans le vague, essayant en vain de chercher le visage de son interlocutrice.

"Tu es donc ce que les gens d'ici appellent "Neko"... Et pourquoi donc toutes ces personnes ont l'air de t'admirer? Tu es un nouveau concept? Tu es si jolie que ça?" demanda-t-il, un léger sourire en coin se dessinant sur ses lèvres, alors qu'il prononçait ces derniers mots. C'est vrai, que pouvaient-ils donc trouver de plus à des humains ayant déjà une paire d'oreilles et une queue? Des ailes? C'était vraiment n'importe quoi. Toutes ces histoires d'hybrides, ça le mettait hors de lui. Pourquoi avait-il fallu qu'il tombe dans un endroit pareil? Vraiment... il était entouré de tout ce qu'il détestait, même si quitte à choisir, il préférerait la compagnie de ces "créatures" plutôt que des humains, ces derniers lui ayant gâché la vie, et encore.

Il tapota la vitre avec la phallange de son index, et reprit:

"Je ne savais pas qu'on donnait des livres aux animaux. Tu as le droit de choisir au moins?"

Ces mots furent prononcés avec une pointe de sarcasme, mais il n'en était pas moins curieux. Après tout, pourquoi bénéficierait-elle d'un avantage par rapport aux autres. Tiens, ça lui faisait penser à quelque chose, qu'il s'empressa de faire remarquer:

"Tu sais donc lire... Mais où donc as-tu appris à lire? Je ne pensais pas que les Neko recevaient une éducation, pas même les bases."

C'était possible qu'elle ait appris à lire, étant donné qu'elle avait l'air plus âgée que lui -au son de sa voix- elle aurait pu apprendre comme elle pouvait. Même si ça paraissait compliqué. Ensuite, si elle était née hybride, elle aurait en effet pu apprendre, probablement. Mais bizarrement, il avait envie de penser qu'elle n'était pas née comme ça. Avait-elle été capturée, tout comme lui, afin d'être transformée? Ce n'était qu'une hypothèse, qui pouvait carrément être réfutable, mais dans laquelle il voulait croire.

Allait-il entendre ? Après tout, Solaris n'était pas connue pour avoir une voix puissante. D'ailleurs, elle n'avait jamais haussé le ton. Sur le coup elle se demandait si elle allait avoir une réponse. Mais visiblement, elle avait parlé suffisamment fort pour qu'il puisse l'entendre. Cependant, le pauvre avait l'air d'air d'avoir du mal à la comprendre. Bigre. Elle parlait donc si bien le japonais ? Elle même ne s'en était jamais rendu compte. Mais à force de voyager, elle savait se débrouiller dans à peu près toutes les langues. Si ça se trouve, elle pourrait même le comprendre dans la langue natale. Mais passons, il avait compris, c'était déjà ça.

La question qu'il lui posa parue étrange pour Solaris. Nouveau concept ? C'était une drôle de façon de parler des nekos. Elle ne comprenait pas trop ce qu'il pouvait vouloir dire. Certes, elle était d'une grande beauté, c'est un fait indéniable, mais même s'il l'avait dit lui même, elle avait l'impression que c'était la notion de "concept" qui était la plus importante. Ce sourire en coin pouvait en dire long. Mais Solaris n'en n'avait franchement rien à faire. Qu'il apprécie ou non les nekos, ce n'était pas son problème. D'ailleurs, elle n'avait aucune raison de lui répondre, elle n'avait pas envie de raconter ça vie au premier quidam qui passait par là.

En le voyant tapoter à la vitre, Solaris afficha une moue vexée. Non mais, tapoter à la vitre, c'est pour les animaux du zoo. On allait quand même pas l'abaisser au rang de mignon petit animal derrière la vitre.

"Je ne savais pas qu'on donnait des livres aux animaux. Tu as le droit de choisir au moins?"
_ Non, en général, ce sont des livres du patron que je récupère, et ce n'est pas une flèche, niveau littérature.

Combien de nekos se seraient permis une telle réflexion ? Pas beaucoup. Voir peut être aucun. Elle se comportait comme ces nekos dit rebelles, comme si elle refusait de s'écraser sous la domination humaine. Ceci, elle même ne se considérait pas comme n'importe quel neko, et c'est pour ça qu'elle paraissait si libre, de l'autre côté de la vitre.

"Tu sais donc lire... Mais où donc as-tu appris à lire? Je ne pensais pas que les Neko recevaient une éducation, pas même les bases."
_ Hé ! Je sais lire de puis que je suis toute petite, vous ne croyez quand même pas que les gens viendraient voir une neko illettrée. Et puis, je ne suis pas comparable aux autres nekos. Moi, j'ai ma propre histoire en tant qu'humaine !

Après tout, cela ne fait qu'un an qu'elle est devenu un "monstre" aux yeux des autres. Mais avant, elle était reconnue dans le monde des hommes. Du moins, en Europe. Mais les élites de ce pays avait probablement entendus parler d'elle. Et puis, toutes ces choses étaient notés dans son dossier. Mais encore une fois, le pauvre aveugle ne pouvait pas comprendre. Ou sans doute dans le mauvais sens. Mais bon, ce n'était pas bien grave. Les gens pensaient comme ils le désiraient, ce n'était pas son problème. Solaris esquissa un sourire en ce remémorant de passé prestigieux. Quelle triste fin pour une telle dame, de se retrouver dans une vitrine. Mais l'aveugle ne pouvait pas le voir, il ne pouvait pas comprendre. D'ailleurs, pourquoi voudrait-il la comprendre. Solaris avait deviné qu'il n'était pas venu là de son propre souhait. La façon dont il parlait montrait bien ce qu'il pensait des nekos. Tout du moins, de leur traitement. Une personne qui pensait ainsi, ne pouvait certainement pas avoir envie d'aller dans une animalerie.

Solaris poussa un long soupir, avant de reprendre :

_ Et pourtant, un article aussi formidable que moi se retrouve soldé. Quelle misère...

Mais bien qu'elle l'ai dit, elle n'en pensait pas un mot. Après tout, qu'elle soit soldée ou pas, elle s'en fichait. Ça n'allait, de toute façon, pas changer grand chose.

Kör voulut rigoler quand elle insinua que le vendeur était un idiot, mais se retint tout de même. Elle avait du culot, et aimait se moquer, ça faisait un point commun. Cependant, après sa réflexion, elle sembla s'indigner, prétextant qu'elle savait lire depuis toute petite, et se vantant même d'être différente et plus... "originale" que les autres êtres qui se tenaient ici? Kör la trouva un peu arrogante. Peut-être avait-elle été humaine, comme il l'avait donc pensé, mais prétendre qu'elle était mieux que tous ces Neko, il trouvait cela un peu déplacé de sa part. En effet, ces créatures avaient elles aussi une histoire. Et croire qu'elle valait mieux qu'eux prouvait son mépris pour les Neko. Elle n'était donc pas mieux que lui. En tout cas, c'est ce qu'il avait compris de ces paroles. Peut-être interprétait-il mal? Mais qu'est-ce que ça pouvait bien lui faire de toute façon? Surtout qu'il avait eu raison, alors son égo fût ravi. Elle avait bien été humaine avant.

"Et pourtant, un article aussi formidable que moi se retrouve soldé. Quelle misère.."

Cette phrase attira l'attention de Kör. Le pensait-elle vraiment? Elle n'avait pourtant pas l'air si "malheureuse" ici. Même si il se doutait qu'elle voulait sortir. Cependant, il lui demanda:

"Pourquoi donc te retrouves-tu soldé si tu es si exceptionnelle? Tu dois être chère pour que personne ne veuille t'acheter. Le prix est-il encore si élevé?"

En effet, c'était vraiment très étrange que personne ne l'achète. Peut-être à cause de son caractère, et surtout de sa (presque ?) xénophobie. Etait-elle là depuis longtemps? Il n'en savait rien, et de toute manière, ce n'était pas ses affaires. Kör affichait un air renfrogné, qui disparut soudainement lorsqu'une sonnerie se fit entendre parmi la foule. Son changement soudain prouvait que ce n'était pas n'importe quelle téléphone qui sonnait. C'était le sien. En effet, il avait reçu un téléphone portable pour aveugle par l'hôpital qui le suivait. Et plus personnellement par le psychologue qui le suivait. Et l'interlocuteur ne pouvait être autre que lui. C'était obligé. Kör le sentait. C'est pourquoi il ne voulait pas répondre. Cet homme le gavait avec ses questions idiotes et son air de je-sais-tout. Et s'il l'appelait, c'était probablement pour lui donner rendez-vous, ou bien parce que justement, il avait loupé un rendez-vous. Il n'utilisait même pas l'excuse du "je suis aveugle je n'peux pas le noter", mais lui avait déjà dit franchement qu'il le faisait exprès. Ce qui ne faisait qu'aggraver son cas, puisqu'il "fuyait la réalité", et augmentait son nombre de rendez-vous.

Certaines personnes commençaient cependant à s'impatienter, parce que la sonnerie n'était vraiment pas plaisante. Et ce n'était pas faute d'avoir raccroché plusieurs fois. Pourtant, le psy était têtu et coriace, c'est pourquoi il insisterait jusqu'à ce que Kör craque. Autrement dit, dans pas longtemps. En effet, ça ne tarda pas: le jeune homme porta le téléphone à son oreille avec rage, et hurla:

"Qu'est-ce que tu m'veux? J'suis occupé là !"

Il se suivit ensuite un petit blanc, pendant lequel les gens chuchotaient, comme pour ne pas briser le silence. Ils contemplaient la jeune femme, qui avait parlé, et qui en émerveillaient certains. Une petite fille, elle, se cachait derrière sa mère:

"J'ai peur maman... Elle n'a qu'une oreille... Je veux un autre Neko." dit-elle, effrayée, tirant sur la robe de sa mère pour aller voir un "animal" plus jeune et plus mignon. Parce que même si Solaris était magnifique, elle n'était pas "mignonne". Alors pour plaire à des gamins...

Kör, lui, continuait sa discussion téléphonique, dans laquelle il se montrait agressif, et où il se faisait souvent couper la parole. On pouvait l'entendre dire:

"Ecoute, c'est pas tes affaires ! Je fais c'que j'veux!....موظر*" ..... "T'es pas ma mère, ok?" ... "Qu'est-ce qu'elle est allée raconter cette vieille peau encore?" ... "J'm'en fiche, tu m'trouveras pas, منحط* !"

Et sur ces derniers mots, il raccrocha. Enervé, il se mit à ronchonner et à marmonner, tout en entortillant une mèche de cheveux autour de son doigt.

Spoiler:

Lorsque l'inconnu lui demanda la hauteur de son prix, Solaris ne répondit pas. Elle n'avait aucune raison de le dire. D'ailleurs, elle doutait franchement que ce type veuille acheter quoique ce soit ici, alors il n'y avait pas de raison pour qu'elle lui dise. Au pire, cela ne ferait que lui donner une information dont il n'aurait que faire, et ça pourrait très bien jouer contre elle. Non, elle n'avait juste pas envie de le dire, elle n'avait pas besoin de se trouver une excuse, de toute façon, personne n'allait lui faire une reproche. De toute façon, personne n'était intéressé par elle autrement que par sa beauté. Rien d'autre.

Lorsqu'une sonnerie retentit, Solaris remarqua que l'étranger changea de couleur. Ah, c'était donc le sien. Tandis qu'il répondait, Solrais repris sa lecture. Enfin, elle allait être de nouveau tranquille, non pas que discuter lui déplaisait, mais elle sentait qu'elle s'était déjà trop investit dans cette discussion. Elle n'était en rien concernée par cet aveugle, elle n'avait aucune raison de continuer à s'y intéresser. Point final. Elle voyait d'ailleurs cet arrêt de la conversation comme un soulagement. S'ils avaient continué à discuter, pour sur qu'elle aurait eut envie de s'impliquer dans ses affaires. Hors, il n'en était clairement pas question.

Tandis qu'il vociférait contre son interlocuteur, une petite fille s'était approché de la vitrine, et lorsque Solaris lui sourit (sourire commercial, bien entendu), elle pris étrangement peur. La remarque qu'elle fit alors n'attrista pas le jeune femme. D'ordinaire, les gens, et même un neko, aurait été vexé par une telle remarque. C'est quand même une petite atteinte à soi. Mais pour Solaris, cela montrait qu'elle avait eut raison. Si elle avait été humaine, elle n'aurait pas su ce que ressentait le neko, elle ne l'aurait pas compris. Alors que là, la tristesse éprouvée par la remarque, elle l'a ressentait elle même. Elle comprenait. C'était pour elle, une récompense. Elle ne regrettait pas son geste, puisque maintenant, elle comprenait ce qu'elle n'arrivait pas à comprendre par le passé. Elle esquissa un sourire rapide, qui pourtant, lui, était bien réel, comparé à celui qu'elle avait montré à la petite fille. N'ayons pas peur de le dire, derrière cette cage de verre, elle était heureuse.

Quand à l'aveugle, le voilà qu'il insultait son portable. Quel manque de tenue. Décidément, si elle ne s'était fié qu'à l'aspect du jeune homme, elle aurait pensé qu'il était un enfant de bonne famille, puisqu'il présentait rien. Mais en fait, il avait la parole plutôt dure. Lorsqu'il eut fini, Solaris ne put s'empêcher de lui faire une remarque, car, contrairement au reste des visiteurs, la journaliste qu'elle était comprenait l'arabe. Enfin, elle connaissait les insultes. C'est toujours la première chose qu'on apprends ~

_ Et bien, voilà de bien jolis mots. Ça t'arrives souvent de parler comme ça ?

Ce n'était pas un reproche, mais réellement une question. Son but n'était pas d'ironiser, ou de pointer un défaut, mais de savoir s'il lui arrivait souvent d'utiliser sa langue natale pour insulter de pauvres japonais inculte. Mais elle n'eut pas le temps d'avoir sa réponse, car le propriétaire avait enfin levé les fesses de son comptoir et se trouvait maintenant à tambouriner à la vitre pour calmer la demoiselle.

_ Solaris ! Quand vas-tu apprendre à la fermer ?! C'est à cause de ça que personne ne s'intéresse à toi, j'ai beau avoir affiché tes articles partout dans la boutique, pour montrer ce que tu étais, tout le monde te vois comme une trouble fête ! Ferme-la une bonne fois pour tout et lis ton fichu bouquin !

Solaris se contenta d'un sourire et d'un hochement de tête, avant de se replonger dans sa lecture. Pour une fois, il avait été utile, elle commençait à trop s'impliquer avec cet aveugle. Quel nid à problème. Et puis de toute façon, il allait probablement partir, alors à quoi bon.

Le vendeur repartit alors à son comptoir, et heurta sur son chemin, le jeune aveugle. Solaris n'avait pas fait attention, mais elle se doutait qu'il l'avait fait intentionnellement. Ce fichu vendeur n'avait jamais été connu pour sa gentillesses à l'égard des autres. Il l'attrapa par le bras et le jeta hors du chemin (oh non quel violence !), non sans l'avoir mit en garde.

_ Et toi, si tu n'es pas là pour acheter, sors de mon magasin. Ma marchandise n'est pas là pour bavarder.

Non, Solaris ne se sentait absolument pas visée. D'ailleurs, c'est jamais elle la fautive. Et puis de quoi serait-elle coupable ? Le vendeur repartit derrière son comptoir grommelant dans sa barbe : Un vrai problème, cette nana, pourquoi je me suis embarqué dans ça moi... Huhuhu, Solaris semblait tellement fière d'elle.

Spoiler:

"Et bien, voilà de bien jolis mots. Ça t'arrives souvent de parler comme ça ?"

Kör, toujours l'air en colère, releva légèrement la tête à la question de la jeune femme. Ce qui l'intrigua fût qu'elle avait l'air d'avoir compris les insultes qu'il avait hurlé. Peut-être qu'elle l'avait déduit, du fait qu'il les avait prononcé en fin de phrase, et avec... entrain? Rage? Oui, ça devait être ça. Comment pourrait-elle savoir parler l'arabe? Ce serait vraiment bizarre.
Quoiqu'il en soit, il n'eût pas le temps de répondre, autrement dit lui confirmer qu'il en disait souvent en effet, qu'il entendit quelque chose frapper à plusieurs reprises la vitre. Puis ce fût au tour de la voix agaçante du vendeur (apparemment) de s'élever dans la boutique. Il sermonnait la jeune femme, nommée Solaris, du fait qu'elle parlait trop. Là dessus, Kör était d'accord. Ensuite, il le trouvait vraiment idiot, parce qu'en disant tout ça, il montrait son envie de s'en débarrasser, prouvant que quelque chose clochait vraiment avec elle, et n'était pas très commercial. Quel idiot, franchement. Les clients allaient fuir ou se poser des questions. En tout cas, Kör constatait qu'elle avait vraiment du mal à se faire acheter alors qu'elle était soldée, et que tout le monde l'admirait. Mais ça devait en effet être à cause de son caractère que personne ne la prenait, souligné par le vendeur qui plus est, ça ne fit que confirmer la chose.

Le jeune homme soupira, et fût surpris quand il se fit rentrer dedans violemment par le vendeur. Ce dernier l'avait alors attrapé par le bras, et jeté, non sans peine et avec force tout de même, sur le côté. Kör, surpris, perdit forcément son équilibre, et essaya tant bien que mal de s'accrocher à quelque chose. Seulement, n'ayant rien à proximité, il ne put s'aggriper à rien. Il eût du mal à mettre ses bras en sécurité, tombant sur le dos, et ne voyant pas le sol se rapprocher de lui. Pour les autres, cela avait du se passer vite, pour lui, la chute lui sembla durer une éternité. Il tomba finalement, son coude droit heurtant le sol dans un petit bruit. Il gémit un peu, et retint de se cogner la tête sur la vitrine derrière lui. Il était sonné quand même, les yeux ronds, la bouche entre-ouverte, son coeur battant si fort qu'il pensait qu'il allait éclater.

".....cheter, sors de mon magasin. Ma marchandise n'est pas là pour bavarder."

Il put tout de même entendre à peu près ce qu'il lui avait gentiment précisé. Encore sous le choc, il resta assis pendant quelques secondes. Les gens, un peu choqués par la violence du vendeur, s'étaient éloignés, d'autres regardaient Kör sans rien faire pour autant. Le jeune homme se releva finalement par lui-même, avec l'aide de la vitre derrière lui et de sa canne. Il s'épousseta un peu, feint la petite douleur qui irradiait encore son coude, et se tourna vers là où les pas du vendeur s'étaient éteint, et où des petits chuchottements s'étaient fait entendre il y a quelques secondes encore. Il s'approcha donc calmement, et quand sa canne heurta un obstacle, qui devait être le comptoir, il s'arrêta.

"Qu'est-ce que tu veux? J't'ai déjà dit que si t'achetais rien, tu dégag....!"

Il n'avait pas eu le temps de finir sa phrase qu'il se prit un coup de canne en travers de la figure. Kör n'y était pas allé de main morte. Le vendeur, encore sous le choc, ne bougeait pas. Kör avait même réussi à le faire saigner (et oui, une canne c'est dur). Et tout d'un coup, l'atmosphère tendue d'avant se transforma: l'aura du jeune homme était devenue agressive, et si c'était possible, des flammes l'entoureraient, et ses cheveux seraient dressés par une force étrange. Il prit son inspiration, annonçant qu'il allait pousser une gueulante:

"Comment oses-tu, موظر ?! ابن زنا ! Ne t'avises plus jamais de me toucher ! Je fais ce que je veux, أهبل ! Si j'ai envie de parler à vot' article soldé, j'lui parle, ok?"

Bien sûr, mis à part les insultes, il était tout de même difficile de le comprendre, étant donné qu'il était tellement rageux que son accent devait être encore plus prononcé. Tout cela ressemblait donc à un charabia incompréhensible pour les autres, peut-être sauf pour Solaris qui devait comprendre, elle, les insultes, qu'il continuait d'ailleurs de débiter. En fait, il ne parlait plus que dans sa langue natale, poussé par l'humiliation et la colère qui le submergeaient.

Entre temps, le vendeur s'était relevé, main à la tempe. Il n'avait pas l'air ravi. C'était mauvais pour le matricule de Kör, mais il était bien trop impulsif pour réfléchir aux conséquences de ses actes. S'il s'en rendait compte, il espérerait probablement que son psy arriverait à le trouver, étant donné qu'il avait dit au téléphone qu'il allait le chercher. Mais, d'ailleurs, il comptait le chercher dans sa boutique habituelle, qui n'était pas si loin de l'animalerie (une vingtaine de pas....?). Mais, il mettrait probablement un peu de temps.

Spoiler:

Solaris n'était retournée dans sa lecture que d'un oeil. De l'autre, elle surveillait l'aveugle, espérant qu'il n'ai pas cassé quelques choses ... Hé ? Qu'attendiez-vous ? Solaris n'a que faire des blessures des autres. Un corps blessée, c'est une chose courante, il n'y a pas mort d'homme. D'autant qu'il est aveugle. Il doit avoir l'habitude. Les gens ont toujours tendances à trop s'inquiéter, pour des choses banales. Pourquoi devrait-on crier au scandale pour le moindre bleu ? Non, si Solaris était inquiète, c'est à cause du vendeur. Elle pouvait aisément imaginer la colère de ce dernier, en voyant son mobilier détruit. Les gens l'ignoraient probablement, mais dans l'arrière boutique, il avait un fusil. C'est que le vieux était du genre méfiant. On ne sait jamais à quoi s'attendre avec les nekos, disait-il si souvent.

En voyant la main du jeune homme s'appuyer sur la vitre, elle fut rassurée. Il n'y avait aucun dégât dans le magasin, et il allait probablement partir, outré par le comportement que le vendeur avait-eu à son égard. Tout allait reprendre son cours, et elle allait finir sa journée comme elle l'avait commencé, dans une cage, à même le sol. Il se dirigea donc, comme elle l'avait prédit, vers la sortie, mais au dernier moment, il bifurqua et se posta finalement devant le comptoir, sous le regard surpris de Solaris, qui avait levé les yeux de son livre, pour suivre la scène. C'est qu'elle se doutait qu'il allait se passer quelque chose. A ses yeux, le garçon lui avait semblé être de une de ses personnes prévisibles qu'elle avait si souvent croisé au cours de ses voyages. Le genre de gens qui ne fait pas trop parler de lui, et qui, malgré sa parole crue, n'était au final qu'un simple parleur, trop craintif pour agir. Mais ce jugement avait été trop hâtif, et il lui semblait désormais que cet aveugle soit un petit électron libre. En un instant, rien qu'en se dirigeant vers un simple comptoir, il avait réussit à captiver tout l'attention de la jeune femme. Elle était focalisé sur l'aveugle, attendant le moindre de ses gestes, aussi imprévisibles soient-ils. De l'inconnu, voilà ce qui attirait la curiosité de Solaris.

Mais soyons honnête, elle ne s'attendait franchement pas à ça. Elle fut à la fois surprise et effrayée. En un instant, l'aveugle qui semblait si banale s'était transformé en furie. Certes, au cours du court échange qu'ils avaient eu, il avait paru être plutôt colérique. Mais au point de s'attaquer si ouvertement et aussi violemment à une personne... En soit, ce genre de bagarre n'a rien de spécial, ce ne sont que deux personnes vexées par l'autre, rien de plus. Seulement, au moment où l'aveugle avait jeté sa cane au visage du vendeur, Solaris avait clairement ressenti la haine qu'il éprouvait à son encontre. Il n'avait pas simplement attaqué dans le but d'une riposte, mais clairement dans le but simple de le blesser. D'ailleurs ses paroles montrait bien que jeter sa cane n'était pas nécessaire. Sa langue natale était suffisante pour effrayer les clients de l'animalerie, autant que le vendeur.

Les yeux de Solaris fixaient le dos de l'aveugle avec une certaine crainte. Il est probable que cela tourne encore plus violemment si le vendeur cherche à se venger. Mais, avouons-le, elle était surtout fascinée par l'aveugle. Il était jeune, et aveugle. En général, les gens de ce profil se fond plutôt discret, cherchant à éviter les problèmes. Pour faire preuve d'une pareille effronterie, il fallait soit être fou, soit persuadé de sa supériorité. En temps normal, Solaris l'aurait pris pour une simple fou et aurait passé son chemin, mais là, curieusement, il semblait y avoir encore plus de choses qu'une simple effronterie dans la tête de l'étranger.

Arf ! Voilà un sujet bien intéressant. Ces dernières années, la journaliste ne s'était intéressée qu'à la seule chose qui sortait hors du commun, à savoir les nekos. Mais ce petit aveugle qui se tenait dans l'animalerie semblait tout aussi intéressant. Elle était curieuse de savoir jusqu'où il pourrait aller dans la folie. Peut être réagirait-il de même devant un groupe de plusieurs personnes ? Il y avait tellement de possibilité.

Mais voilà que le vendeur se relevait, et visiblement, il n'était pas prêt d'en rester là. Le mot "vengeance" semblait être écrit sur son front. L'aveugle ne pouvait certainement pas voir que le vieux était prêt à se jeter sur lui. Et aussi surprenant soit-il, Solaris se leva brusquement, comme un sursaut. Et avant même d'avoir le temps de réfléchir, elle était déjà en train de crier à l'adresse de l'aveugle :

_ Baisse-toi, sombre andouille, il va...

Elle s'arrêta net, coupée par la surprise. En se relevant, la pauvre s'était pris les pieds dans les pieds du fauteuil, entraînant sa chute. Et dans la vitrine, il n'y avait pas suffisamment d'espace pour qu'elle puisse se rattraper, et percuta dans un grand "BANG" la vitre. Le bruit résonna dans tout le magasin, et quelques secondes plus tard, Solaris gisait, inconsciente, au pied du fauteuil. C'est qu'elle avait pris un sacré coup, la pauvre. Voilà pourquoi elle ne voulait jamais s'impliquer avec les gens. Il arrive toujours de genre de choses. N'est-ce pas ce qu'elle a toujours voulu éviter ?

Spoiler:

La rage de Kör embuait son esprit, et le rendait, comment dire sans vouloir paraître ironique... Aveugle. Il était réellement en colère, et ressentait le besoin de se venger contre cet homme. Il voulait laver l'affront qu'il lui avait fait subir, et par la même occasion, en profiter pour user de violence. C'était relativement apaisant. Ou peut-être que ça le rendait plus énervé encore? En tout cas, il estimait que ça lui faisait du bien, même un peu. Il n'avait pas toujours été comme ça, étant même plutôt du genre pacifiste, sans aller non plus dans les extrêmes. Il préférait user des mots, qu'il apprenait dans les livres, au lieu de blesser physiquement. Dorénavant, il usait des deux.

Quoiqu'il en soit, il était là, debout, son coeur soulevant sa poitrine à chaque battement, le nez légèrement relevé, ses doigts resserrés sur sa canne. S'il était vulgaire (sans commentaires), il lui cracherait probablement dessus avec dédain, seulement, il n'était pas sûr de viser au bon endroit, et baverait sûrement sur ses habits. Il se retint donc de le faire.
Kör l'avait entendu se relever, bien entendu, mais pensait que le coup qu'il lui avait infligé à la tête l'aurait suffisamment assommé pour un peu plus longtemps. C'est qu'il devait être coriace. Cependant, il ne savait pas que ce dernier allait en rester là et se contenter de le jeter dehors. Il était tout aussi rancunier et buté que le jeune homme, et se fichait bien des conséquences des actes qu'il voulait commettre contre un mineur. Mais, encore plus idiot que Kör, ça ne devait même pas effleurer son esprit.

"Baisse-toi, sombre andouille, il va..."

L'égyptien prétentieux fût surpris d'entendre quelqu'un hurler ça tout à coup, alors qu'il n'y a même pas deux secondes, tout était si calme, si tendu. Cependant, la suite se déroula très vite après ces quelques mots qui n'avaient même fini d'être prononcés. Ils se suivirent d'un grand bruit qui fit plisser les yeux de Kör, s'imaginant déjà la scène, comme si il était à la place de Solaris, qu'il avait pu reconnaître à sa voix. Il se doutait qu'elle avait du tomber, et surtout, se faire horriblement mal. Surtout qu'après un petit gémissement de douleur presque inaudible, il ne l'entendit plus. De toute façon, il n'en eût pas trop le temps, étant donné qu'il venait de se faire plaquer au sol par une force qu'il aurait pu qualifier de gargantuesque en même temps que Solaris était tombée. Il s'étala de tout son long par-terre avec un râle de douleur. Il grogna contre la jeune femme, se disant qu'en le prévenant (en tombant surtout), elle n'avait fait que le déconcentrer. Si elle n'avait pas été aussi maladroite, il aurait peut-être pu éviter ça.

"Sale petit con ! J'vais t'buter !" cracha littéralement le vendeur, ajoutant même quelques postillons qui inondèrent Kör comme une pluie. Ce dernier voulut se relever, mais le poids de l'homme se fit sentir sur sa poitrine. Vu l'odeur et la forme, ça devait être son pied. Oui, il avait pu sentir ça même avec le souffle coupé, c'est pour dire...

"الكادح"

Malgré la situation, il se montrait toujours aussi impudent. Sa fierté était là, il n'allait pas la tâcher, qu'importe les circonstances. C'est ainsi qu'il planta ses ongles dans la peau du vendeur, son arme étant tombée au sol, prêt à lui déchirer la peau. Les clients s'éloignaient, et quittaient même le magasin. Ils disaient des trucs comme "il faut appeler la police", ou "c'est horrible", "il l'a bien cherché" ou encore "il va y avoir des morts", sans pour autant faire quoique ce soit. L'effet de foule, probablement... Ils en étaient presque à faire des paris, et si c'était le cas, Kör aurait quelques mises tout de même.

Mais la suite ne se passa pas comme tout le monde l'avait à peu près prévue. Une vieille dame osa défier la hargne du vendeur et stopper le combat en disant ces quelques mots, en retrait:

"Mo..Monsieur? Votre Neko. Je me demande si elle n'est pas sérieusement blessée..."

"C'est vrai, elle ne bouge plus." osa ajouter un homme, qui avait soudainement repris "courage".

Puis, les gens, peu à peu, commençèrent enfin à bouger, à parler, à s'agiter dans un brouhaha. Comme s'ils leur avait fallu un leader, un berger pour les moutons qu'ils étaient.

Le vendeur, comme sortant d'une transe, se hâta vers la vitrine où gisait son article soldé. Au moins, il en était débarrassé, non? N'était-ce pas ce qu'il avait toujours voulu? Mais quand même, ça créerait un scandale. Elle n'était pas n'importe quel Neko.

Kör, quant à lui, se relevait péniblement en pestant. Il se sentait étrangement bizarre, comme déphasé. Etait-ce parce que tout le monde "s'inquiétait" de la santé de Solaris? Qu'est-ce qui pouvait bien en avoir à faire? Seulement, il se disait tout de même qu'elle ne devait que bien se porter.

"C'est une mauvaise herbe, celle-là... Née pour faire chier le monde..."

Et probablement, née pour lui pourrir la vie, à lui.

Spoiler:

Spoiler:

En général, quand on se prends une vitre en pleine poire, ça fait pas du bien, et on a tendance à voir de drôle de choses. Ca n'a rien de réel, c'est juste une sorte de rêve, ou alors un mix de plein de chose. Dans son cas, Solaris a fait un étrange rêve. Vous allez probablement rire mais, elle était dans un long couloir, et chaque fois qu'elle ouvrait une porte, une scène de dessin anime se déroulait sous ses yeux. Ainsi, elle assista à plusieurs scène jusqu'à arrivé dans un pièce blanche, qui bizarrement semblait être habité, mais par tout un tas d'ombres.

Ce qu'ignorait Solaris, c'est que ces ombres étaient en réalité les visiteurs qui étaient venus l'admirer, pressés autour d'elle, se demandant si elle vivait encore. Bien sûr qu'elle vivait ! Mais bon, elle était pas dans le meilleur état. Le vendeur, affolé par le corps inerte de la neko, avait lâché l'aveugle pour sortir la jeune femme de sa vitrine, afin de s'enquérir de son état. Allongée sur le sol, on s'empressait de lui prendre son pouls, et de regarder si elle n'était pas blessée. Heureusement pour le vendeur, elle semblait encore vivante, car elle gémissait dans son sommeil. Peut être un mauvais rêve ?

Et bien pour être honnête, elle ne rêvait déjà plus. Elle s'était réveillée, mais elle était encore incapable de se relever ou même de signaler qu'elle était consciente. Le temps que tout ce remette en place dans sa tête. Voyons, elle s'était cogné parce qu'elle s'était levé trop vite, ça elle arrivait à s'en souvenir, elle se souvenait aussi de la bagarre qui avait éclaté entre le vendeur et l'aveugle...

_ L'Aveugle ! S'écria t-elle en se relevant.

Mais elle n'eut même pas le temps de chercher du regard le dit personnage qu'elle se pris une grande gifle sur le visage. Bien évidement, le vendeur avait lâché toute sa rage sur le jeune femme. Il n'avait même pas pu se venger sur le trouble-fête, à cause de ce nid à problème. Il était véritablement énervé, à la fois contre cette femme, contre l'aveugle, et contre lui même. Il s'était fait carrément avoir sur la marchandise. Article Unique hein. Un porte poisse oui.

_ Tu n'as donc pas fini de me causer des ennuies ?! Qu'est-ce qui t'as pris d'aider ce type ? Tu aimes apporter des ennuies ? Tu ferais mieux de crever tu arrangerais tout le monde !

Solaris regarda l'homme, en se tenant sa joue endolorie. Décidément, cette journée avait vraiment mal tourné. Qui était le nid à problème ? Elle, calme et coincée dans sa vitrine, ou cet aveugle, aussi doux qu'un hérisson ? Pourtant, le regard de la jeune femme n'avait rien de méchant, aucun reproche, ni même de haine. Après tout, ce n'est pas la première fois qu'on la tient responsable d'échec ou de problème. Son ex-mari lui avait fait la même remarque, le jour où il demanda le divorce. Que lui avait-il dit déjà ? "Tu n'es jamais là, et même que tu es à côté de nous, on sait que tu n'es pas avec nous ou quelque chose du genre. C'était peut être vrai. Même le vendeur semblait ne pas comprendre pourquoi la neko ne lui répondait pas, ou ne se rebiffait pas. Même face à une claque, un neko soumis aurait eut une réaction. Et là, la Solaris, celle qui passait son temps à faire comme il lui plaisait, ne disait rien.

Elle se contenta seulement d'un hochement de tête, puis se releva, sous le regard inquiet pour certain, étonné pour d'autres. Elle attendit un instant, le temps de retrouver ses appuis, puis se dirigea vers l'aveugle, qui se tenait à l'écart. Peut être n'avait-il pas remarqué que les gens s'étaient attroupé un peu plus loin. Ou alors il avait juste envie de se tenir à l'écart. Il est vrai que la journée n'avait pas été spécialement bénéfique pour lui. Solaris s'approcha du jeune homme. Il était un poil plus petit qu'elle. Elle le regarda un instant, le temps qu'il se rende compte de la présence de la jeune femme, et posa sa main sur sa tête.

_ Vous allez bien ? Tant mieux, ce serait dommage de perdre un si bon sujet.

Puis s'en retourna tranquillement vers sa vitrine. Voilà, il était maintenant tant que chacun retourne à sa place. Que cela lui déplaise ou non, le petit sujet allait probablement partir maintenant. Sinon, c'est qu'il tenait vraiment à se faire une mauvaise réputation. Ceci dit, vu comment il se comportait, elle ne devait déjà pas être géniale. Lorsque passa près du vendeur, celui l'attrapa au bras.

_ Où crois-tu aller comme ça, Solaris, après tout le grabuge, tu ne crois pas pouvoir t'en sortir sans punition...

La jeune femme le regarda un instant surprise, et esquissa un long sourire en lui répondant malicieusement : Oh... Ne vous privez ...

Spoiler:

Son coeur commençait à reprendre un rythme normal, tandis que sa respiration se faisait plus calme. Son corps était un peu endolori, mais rien de bien grave. Il avait connu pire. Il n'était pas un bébé qui allait pleurer pour un petit bobo. Pour qui le prenez-vous? Un gamin?....... Bon, d'accord, c'en est un, mais il ne pleure pas! Non? Bon.
Quoiqu'il en soit, il avait cherché à tâton sa canne, et l'avait récupéré. Il s'avouait à contre-coeur qu'il se sentait maintenant plus rassuré. Il avait un point d'appui, une arme, bref, il avait sa canne. Et alors qu'il cherchait ses repères, il fut déconcentré quand il entendit un grand cri retentir dans la pièce, lui éclatant un tympan au passage:

"L'Aveugle !"

C'était la jeune femme nommée Solaris qui avait beuglé ça d'un coup, sans prévenir. Elle était bien en vie, et probablement en pleine forme, apparemment. Kör ne réagit cependant pas, et il n'en aurait de toute façon pas eu le temps, le vendeur prenant la parole après lui avoir asséné une grande gifle. Il la sermonnait, l'accusant de l'avoir aidé et d'avoir causé tous ces soucis. Il lui avait même souhaité de "crever". C'était fort sympathique. Même si le jeune égyptien n'appréciait pas grandement cette femme, il ne pouvait s'empêcher d'éprouver une haine immense envers cet homme, qui rejetait la faute sur les autres et était véritablement un idiot et un en***é de première, sans vouloir être trop vulgaire. Certes, Kör ne valait peut-être pas mieux, mais il n'était pas en train de se juger, là, non?
Même s'il ne pouvait pas voir le visage et donc les expressions de la jeune femme, il fût étonné qu'elle ne réagit pas, que ce soit pour la rouste qu'elle s'était prise, ou pour ce sermon peu joyeux et injuste. Peut-être était-elle habituée.

N'empêche qu'une chose le perturbait un peu. Pourquoi avait-elle voulut l'aider tout à l'heure, alors qu'ils s'étaient presque dit ouvertement ce qu'ils pensaient l'un de l'autre? Son sarcasme n'était autre qu'une façade? Non. Elle devait avoir ses raisons. Et apparemment, elle ne se serait pas doutée que ça irait si loin.

Kör l'entendit se relever, et attendit la suite logique qui aurait du être qu'elle retourne dans sa cage, mais ce ne fût pas le cas. Au contraire, elle se dirigea de son côté, les pas se faisant de plus en plus forts, jusqu'à s'arrêter près de lui. Allait-elle le frapper? L'engueuler elle aussi? Ce serait vraiment bizarre, mais probablement beaucoup moins que ce qui se passa. En effet, il put sentir sa main se poser sur sa tête, ses yeux devenant comme des billes, puis s'en suivit des mots auxquels il ne s'attendait guère non plus, et qu'il n'avait pas pensé qu'elle pourrait les joindre ensemble dans une même phrase. Cependant, il y avait une petite chose. Oui, c'était le "bon sujet" qui le rassura quelque peu. Dans un sens, il se disait que non, elle n'était pas sincèrement inquiète, mais de l'autre, pas vraiment, parce qu'elle le considérait comme un "sujet"... Un "cas à étudier", c'est bien ça? Il n'était même pas sûr de bien vouloir comprendre le sens de cette phrase, et se contenta de retirer la main de Solaris avec un petit geste brusque.

Finalement, elle s'éloigna, le vendeur sembla l'intercepter, de ce que put entendre Kör. Il voulait la punir... Ce qui ne semblait pas gêner la jeune femme étrange. Etait-ce de l'arrogance? De la provocation? Ou du pur masochisme? Franchement, il ne savait que penser, et préférait de toute manière éviter d'y penser.
Il remua légèrement sa canne, histoire de sentir où se trouvaient les obstacles. L'air renfrogné et pensif, il s'avança légèrement, et lentement vers la sortie. Il ne savait pas vraiment quoi faire, et perdu dans ses pensées, heurta quelqu'un qui entrait.

"Regardez où vous mettez les pieds, المغفل !"

"Eh bien, Monsieur Içerleme, ne vous ai-je pas déjà dit qu'utiliser des insultes dans votre langue natale ne faisait que renforcer le fossé que vous avez creusé avec les autres?"

C'était son psy. Il avait reconnu sa voix grave et soutenue. Quelle horreur. Pourquoi? Qu'avait-il donc fait pour que les Dieux le punissent? Surtout dans la même journée. Ce n'était pas juste, il n'avait rien demandé.
Devant la surprise et l'agacement de son patient, le psychologue s'expliqua:

"Je me doutais que vous étiez venu écouter de la musique au magasin d'à côté -ou presque à côté- alors je suis venu jusqu'ici. J'ai à peine voulu y mettre les pieds, que j'ai vu des gens sortir de cette animalerie avec peur et inquiétude. Dans leurs chuchottements, ils ont mentionné un "aveugle fou", j'en ai donc déduis que vous vous trouviez ici."

"Merci pour l'explication" dit Kör avec sarcasme, sans pour autant développer le pourquoi du comment qu'attendait le psy. Ce dernier ne s'attarda donc pas sur le sujet, se disant qu'il y reviendrait plus tard, mais s'approcha du vendeur, qui pendant ce temps, n'avait pas lâché le bras de Solaris. Il l'empoignait avec une telle force, qu'il lui laisserait probablement une marque qui tâcherait sa belle peau par du rouge.

"Que se passe-t-il ici?" demanda le psy, son regard perçant dirigé vers l'empoignement. Le vendeur lâcha instinctivement Solaris, et demanda, en réponse:

"C'est vot' gamin le sale mioche aveugle là?"

Kör ne retint que "sale mioche", ne faisant plus attention à la conversation qui s'était établie envers les deux adultes. Puis, comme apparemment, ça ne menait à rien, le psy préféra s'intéresser à la jeune femme:

"Mademoiselle, j'y pense, comme ce cher Monsieur aimerait se débarasser de vous, je me demandais: pourriez-vous faire des tâches quotidiennes? A moins que vous ne préféreriez attendre que quelqu'un d'autre ne vous achète, moi, je le ferais."

"QUOIII?!!!!!" hurla Kör, qui arriva en trombe vers eux, sa canne en avant pour être sûr de toucher la voix la plus proche, autrement dit, son psy. Ce dernier l'évita seulement, et pour que son patient ne tombe pas, il se permit de saisir l'objet, obligeant le jeune garçon à rester la main tendue. "Pourquoi tu veux l'ach'ter?! Ne me dis pas que...?!"

Le sourire que le psy venait de lui rendre, Kör le ressentit comme une vengeance, une punition. Il ne le voyait pas, mais savait bien ce qu'il exprimait en ce moment. Comment pouvait-il lui faire une chose pareille? Vraiment, il était maudit.

Spoiler:

Pourquoi Solaris rigolait-elle intérieurement, alors qu'on la menaçait ? En fait, elle était restée sur la réaction de l'aveugle. Quelle geste si mignon et timide, c'était digne d'un petit garçon. S'en était-il rendu compte au moins. Pff il était pas téméraire en tout cas, le voilà qui était en train de s'éclipser discrètement, pendant qu'on la menaçait méchamment (ce qui de toute évidence, ne l'effrayait pas le moins du monde). Logiquement, il aurait dû l'aid... Ah non, c'est vrai qu'ils étaient juste des inconnus l'un pour l'autre. L'incident était clos, il n'y avait plus aucune raison pour aider l'autre. Enfin, elle allait pouvoir souffler de cette sale journée. Elle était prête à faire une croix sur cette rencontre. Non, elle était déjà passé à autre chose, quand la porte du magasin s'ouvra de nouveau, laissant apparaître un étrange personnage. De toute évidence, il n'était pas là pour parler affaire.

L'aveugle le connaissait, et l'inconnu connaissait l'aveugle. Solaris scrutait discrètement le singulier duo. Mais elle était franchement pas intéressée. Ou plutôt, elle ne voyait plus l'intérêt de s'y attarder. Aussi, elle ne fit franchement pas attention à ce qu'ils pouvaient bien se dire. Elle fixait juste son bras, imaginant déjà quel genre de marque la main du vendeur allait laisser sur son corps. Aussi surprenant soit-il, elle n'avait pas de rancune, disons même qu'elle avait hâte de voir le résultat. Cela lui ferait sans doute un joli souvenir de cette journée. Mais lorsqu'il lâcha son bras, elle fut déçu du résultat, ça n'avait pas marqué autant qu'elle l'espérait.

Et puis, "sale mioche". Quelle remarque peu objective, il aurait dû dire Adolescent arrogant, c'était ce qui convenait le mieux pour cet aveugle. Elle fixait son poignet avec une mine déçue, quand le nouveau venu s'approcha d'elle pour lui parler. Curieuse attention.

"Mademoiselle, j'y pense, comme ce cher Monsieur aimerait se débarasser de vous, je me demandais: pourriez-vous faire des tâches quotidiennes? A moins que vous ne préféreriez attendre que quelqu'un d'autre ne vous achète, moi, je le ferais."

Elle le regarda un instant, comme si elle 'était surprise, mais n'en laissait, en tout cas, rien paraître. Elle resta silencieux un instant, puis baissa les yeux respectueusement, inclinant la tête.

_ Je suis capable de beaucoup de chose, j'ai été, autrefois, mariée, je sais donc tenir un foyer sans problème. Donc si je suis à votre convenance.

Une neko mariée ? Voilà une curieuse chose, n'est-ce pas ? Pourtant, il faut savoir qu'elle n'est neko que depuis récemment. Ce qu'ils ignoraient tous autant qu'ils étaient, même ce pauvre monsieur. Qui faisait semblant de ne pas avoir entendu la remarque de la jeune femme. Ils se posaient tous des questions sur ce mariage dont elle faisait allusion. Mais tous étaient déçue, car sachant qu'ils n'obtiendraient sans doute jamais leur réponse.

L'aveugle était visiblement contre. Sans doute parce qu'il était concerné plus qu'elle ne pensait dans cette affaire. A dire vrai, n'importe qui pouvait être son maître, elle n'en avait que faire. Les choses sont faites comme elles sont, et Solaris n'a pas le pouvoir de changer les choses, juste de les subir. Alors qu'on lui refourgue ce petit insolent dans les pattes, elle n'avait franchement rien à dire. Comment pourrait-elle prétendre rechigner les évènements. Elle se releva, et fit un grand sourire à l'adresse de l'homme, en ajoutant :

_ Je n'existe que pour servir, je ferais ce que la vie me dit de faire. Comment on dit souvent en europe, elle s'arrêta un instant, et posa son regard sur l'aveugle qui tirait sa cane, Premier arrivé, Premier Servi...

N'était-ce pas cruellement vrai ?

Spoiler:

Kör n'avait pas pu entendre ce qu'elle avait répondu au psychologue, déjà parce qu'il n'était pas arrivé (en trombe) à temps, et de toute façon, il était tellement remonté que ça lui serait passé au-dessus (ce qui n'est pas difficile vu sa taille). Cependant, même si les premiers mots que Solaris avait prononcé ne l'avaient pas intéressé, il n'ignora pas la suite. Peut-être parce qu'il n'avait rien compris à son charabia. Et heureusement d'ailleurs, sinon sa colère aurait monté d'un cran (oui, c'est possible).

"Bien !" coupa le psy Takeshi avec entrain, dégoûtant encore plus son patient car il montrait qu'il était déterminé à l'acheter. "Elle est parfaite, elle sait tenir un foyer. Ce ne sont pas tous les Neko qui savent faire ça. Surtout que c'est une adulte." lança-t-il, comme pour le "rassurer". Ce qui ne fût pas du tout le cas. Bien au contraire. Il allait être constamment suivi d'une adulte... Enfin... Elle, une adulte? Elle était bien trop étrange pour en être une.

Kör soupira donc, contrairement au vendeur qui retrouva soudainement le sourire. Il affichait un air radieux, changeant du tout au tout. Pas besoin de le voir pour deviner ce qu'il pensait en ce moment même: il était heureux de pouvoir se débarrasser de la source de tous ses problèmes, et de faire une vente par la même occasion. Ca faisait d'une pierre deux coups. Kör, lui, ne se sentait pas du tout gagnant dans l'histoire. Il avait même l'impression d'essuyer une énorme défaite face à cet individu. Mais qu'importe, il le toisait de haut quand même, se disant que c'était grâce à lui qu'il en était débarrassé, et qu'ainsi, il lui était redevable. Pathétique... Mais, l'égo, c'est tellement important, non?

"J'comprends quand même pas pourquoi vous tenez tant à ce que j'ai un Neko..." chuchota-il à son psychologue.

"Je vous ai déjà tout expliqué en détail, mais prenez ça comme une aide: une nouvelle canne, un "chien d'aveugle" amélioré avec qui vous pourrez discuter." répondit ce dernier avec un sourire, alors qu'il réglait le vendeur et remplissait les papiers. "On ne pouvait pas rêver mieux, non?"

Que nenni. Si seulement cet homme savait... Cette femme était tout sauf ce qu'il voulait réellement pour Kör, mais il n'arriverait pas à lui faire changer d'avis. Tu parles d'un psychologue...
A moins qu'il ne l'avait fait exprès pour qu'il devienne meilleur? Bref, ça devenait trop compliqué pour le jeune homme, qui préférait ne pas trop se torturer l'esprit. Ce dernier l'était déjà bien assez.

Quand ce fût fini, Kör s'arrêta enfin de râler, et se dirigea vers la sortie, sans se tourner vers le vendeur ni même vers sa nouvelle compagnie. Dr. Takeshi, quant à lui, gentleman avec Solaris, "médicament" et nouvelle torture pour son patient, lui tint la porte, et salua les gens, qui ne revenaient toujours pas de ce qui s'était passé aujourd'hui. Il s'approcha finalement de Kör et lui donna tout ce dont il avait besoin pour Solaris.

"Du coup, je reporte notre rendez-vous d'aujourd'hui à dans deux semaines, même jour, même heure. Comme ça, je verrais les progrès que vous aurez fait avec elle, ainsi que vos impressions. Vous vous en souviendrez?" Et après un petit temps de quelques secondes : "Je m'assurerais que Solaris vous y traîne de force s'il le faut." ajouta-t-il tout en se tournant vers elle, histoire qu'elle prenne note. Sur ce, il tourna les talons, et se dirigea vers sa voiture, mercedes grise métallisée, après leur avoir souhaité une bonne journée.

Journée qui allait être longue. Kör soupira à nouveau, et se tourna vers Solaris, doigt levé, avec un air qui se voulait autoritaire.

"Je t'exposerai mes règles au fur et à mesure, compris?"

Cette situation, il avait toujours du mal à la digérer, mais dans un sens, au plus profond de lui, il se disait que ça pouvait toujours être amusant. Solaris avait-elle été un peu surprise d'être au service de ce petit prince? L'égyptien se demandait surtout comment elle allait se comporter avec lui. Une chose était sûre, elle ne se montrerait pas forcément très docile.

Spoiler:

L'homme était visiblement ravi. Solaris ne comprenait pas trop pourquoi. Elle pensé qu'au contraire, pour un garçon de son âge, il aurait choisit un neko plus jeune, histoire de lui donner un sens des responsabilités, ou quelque chose du genre. C'est ce qu'aurait en tout cas fait un de ses chercheurs qui ont l'habitude de se planter à chaque expérience. Doit-elle en déduire que ce type était plus fin qu'il n'y paraissait ? C'est vrai qu'au premier abord, elle l'aurait pour un charlatan, mais en y regardant de plus près, il savait ce qu'il faisait. En lui demandant s'il cela lui convenait, il lui avait, d'une certaine façon, montré un certain respect. Comme s'il s'attendait à lui demander un service. Il ne lui demandait pas d'être une simple neko au service de son maître, mais plutôt d'être une neko qui sert son maître. Vous ne saisissez pas la nuance ? Quels esprits simples.

Qu'y a t-il de mieux ? Un neko buvant aveuglement les paroles de son maître, faisant selon les désirs de ce dernier ou un neko capable de discerner le vrai du faux, connaissant les limites de son maître, et par conséquent, sachant agir dans son intérêt ? Le second me direz-vous. Pourtant, ce n'est pas une chose facile à faire. Lorsqu'on est jeune, neko ou humain, notre vision du monde est plus chaotique, plus romancée. Un adolescent ne saura jamais vraiment faire la part entre ses désirs, ce qu'est capable de faire un adulte. Pas tous, je vous l'accorde. Mais il semble dans dans le cas de Solaris, c'est ce qu'attendais le psycologue du petit aveugle.

Derps, on lui filait un rôle de baby-sitter, et pas avec le plus facile. C'est limite une plaie. A quoi pouvait-il bien penser en fait, ce type. Logiquement, il devrait se rendre compte qu'il y a un problème avec Solaris. Non ? C'est ce que tout le monde voit, y a qu'à la voir, elle n'a qu'une oreille. On peut difficilement croire qu'elle est tombée, comme ça, un jour. Non, en fait, ce vil renard devait en avoir des idées en tête. Elle le sentait, elle le savait, c'était encore une personne intéressante. Décidément, ce petit maître était une minede d'or. Rien qu'avec ça, elle se réjouissait d'être à son service. Enfin, soyons honnête, est-elle franchement du genre à se laisser marcher sur les pieds.

Tandis que son acheteur remplissait la tonne de paperasse, la jeune femme en profita pour récupérer ses effets personnels. Aussi surprenant que cela puisse paraître, les nekos pouvaient posséder des choses. En général, il s'agissait d'un vêtement ou d'un vieil objet auquel ils tenaient. Dans son cas, Solaris était revenu avec un objet plutôt surprenant, un appareil photo. Ce n'était pas le genre d'objet que l'on s'attendait de voir entre les mains d'un sous-homme. Sous le regard un peu surpris de son acheteur, Solaris se contenta de murmurer: Il est des choses dont on ne peut se séparer. Et elle l'enfourna entre ses bras.

La galanterie du psy était plaisante, c'est fou ce que le statut de dame pouvait être utile. Elle se doutait qu'il ne se serait pas conduit de cette façon si elle avait eut 12 ans par exemple. Après quoi, les deux larrons eurent un petit échange, où le plus âgé dominait. C'était assez drôle de deviner que le pauvre aveugle, malgré son envie de mordre, se tenait à carreau. On lui donna juste un petit ordre mesquin. Alors elle allait jouer la fliquette ? Intéressant.

Une fois qu'ils furent seuls, le petit aveugle daigna enfin lui adresser la parole, après un long moment. En même temps, le pauvre avait pas l'air ravi de la situation, ce qui était d'autant plus drôle.

"Je t'exposerai mes règles au fur et à mesure, compris?"
_ Je tâcherais d'en faire de même alors.

Oh, oserait-elle s'imposer ? Décidément, pleine de surprise la demoiselle. Mais elle était franchement contente de la tournure de la journée, la vie lui offrait un nouveau plat à se mettre sous la dent, et elle allait, en temps que neko, comprendre enfin ce qu'ils étaient, et pouvoir observer un étrange maître.

_ Puis-je au moins savoir comment vous appeler, mon petit maître ?

Holà, elle y allait fort, "mon petit maître" ? Elle court après le maître despote ou quoi ? Ah mais oui, après tout, c'est sa colère qui le rend si intéressant.

Spoiler:

"Je tâcherais d'en faire de même alors."

Comment osait-elle? Sa réaction aurait dû être un acquiescement, dans le principe, suivi optionnellement d'un "Oui Maître Içerleme". Mais non, pas avec elle. Jamais il ne pourrait entendre ces mots sortir de sa bouche, sauf pour être sarcastique, probablement. C'est pourquoi le jeune égyptien tiqua du sourcil, mais ne dit cependant mot.
Il resta silencieux, bras croisés, jusqu'à ce qu'elle lui demande comment elle devait l'appeler. En tout cas, il avait vu juste en pensant juste avant que si elle prononçait ces mots , ce n'était que dans le but de faire du sarcasme. Mais le pire, c'est qu'elle avait ajouté quelque chose qui déplut fortement Kör, qui réagit au quart de tour, comme l'avait probablement voulu la jeune femme:

"Déjà, règle numéro une : ne m'appelle pas PETIT, ne le sous-entend jamais ! Je n'ai pas fini ma croissance, c'est tout !" s'écria-t-il, au beau milieu de la rue. Malheureusement pour lui, il ne gagnerait même plus à demi-centimètre. Mais ça, il ne voulait pas le savoir. Même quand le médecin le lui avait dit, il avait protesté, en disant qu'il ne connaissait pas son métier.

Fulminant de rage, il essaya tout de même de répondre à sa question:

"Appelle-moi Maître Içerleme."

Il pouvait toujours essayer après tout. Elle n'avait pas à connaître son prénom de toute façon ! Et puis, il était sûr que s'il le lui donnait, elle l'appellerait constamment par son prénom justement. Avec d'autres préfixes agaçant. Mais bon, elle le découvrirait aujourd'hui même, de toute manière.

"Toi, c'est Solaris si j'ai bien compris?" demanda-t-il, articulant bien sur son prénom. "Je n'ai jamais entendu un nom pareil, d'où est-ce que tu viens?"

Il était en effet intrigué, et n'hésitait pas à poser des questions. Même si sa curiosité dépassait certaines limites, il n'hésiterait pas à demander, car il ne supportait pas de ne pas savoir quelque chose. D'autant plus qu'elle lui appartenait, alors elle devait tout lui dire. Enfin, dans le principe, bien entendu. Chose qu'elle ne ferait donc probablement pas, ou de manière détournée. Quoique, peut-être allait-elle répondre en toute sincérité? Le remballer violemment? A vrai dire, il n'en savait rien, elle était bien trop imprévisible pour ça.

Sa canne tapait le sol dans un rythme bien cadencé, signe qu'il était nerveux, préoccupé et impatient. Il passa finalement son index libre dans une mèche de ses cheveux, inconsciemment, et se mit à l'enrouler autour. Il avait sa tête tournée vers Solaris, son regard vide cherchant son visage imaginaire.
Attentif, il se disait tout de même qu'une bonne musique lui ferait du bien. Mais il s'était perdu dans ses pas, et savait juste dans quelle direction le magasin se trouvait, mais pas de combien de pas exactement. Et il était hors de question de demander à la jeune femme de l'aider. Par fierté, mais aussi par crainte qu'elle ne l'emmène ailleurs, par amusement.

Spoiler:

Y a pas à dire, elle était très fière d'elle pour ce coup. Allait avait trouvé le mot juste, et ce sans avoir eut besoin de faire une quelconque recherche. Le jackpot en quelque sorte. Allons, il n'avait pas besoin de s'énerver pour si peu. Ce n'était qu'une petite boutade, rien de plus. Evidemment qu'il allait encore grandir. Evidemment que non. Solaris voyais bien que le pauvre aveugle avait atteint sa limite en taille. Cela lui laissait sans doute de beau jour encore à l'appeler "petit". D'ailleurs, ce n'est pas tant à la taille que Solaris faisait référence en l'appelant petit maître, mais plutôt à la différence d'âge entre les deux compères. Mais probablement était-il trop obnubilé par sa taille pour comprendre un autre sens que "petit".

Elle se contenta de faire un "très bien", proche du murmure, pour répondre à l'énervement de son petit maître. Pas besoin d'en faire plus pour savoir combien de temps il fallait pour l'énervé, il suffisait juste de dire le bon mot, et il se faisait avoir. Pratique pour Solaris, elle n'aura pas à se casser la tête la prochaine fois qu'elle voudra se moquer de lui. C'était déjà une bonne chose, au moins, elle ne souffrira pas de migraine.

"Appelle-moi Maître Içerleme."
_ Très bien, je m'en souviendrais, Monsieur.

Etrange politesse, n'est-ce pas ? Maintenant elle le vouvoie, mais l'avait-elle pas tutoyer quelques temps plus tôt ? Oh mais c'était totalement différent. Le feu de l'action, la rapidité, la spontanéité, toutes ces choses l'empêchait de correctement se comporter, comme elle l'aurait fait si elle avait eut la tête froide. Mais les évènements ne lui avait pas permis de garder cette rigueur psychologique. Mais ce n'est plus la cas maintenant, elle va enfin pouvoir s'exprimer comme elle a toujours eut l'habitude. C'est à dire avec cette distance qu'elle a toujours mis entre elle et les autres. C'était pareil avec son ex-mari d'ailleurs.

"Toi, c'est Solaris si j'ai bien compris? Je n'ai jamais entendu un nom pareil, d'où est-ce que tu viens?"

L'unique oreille de Solaris se dressa. Avait-elle bien entendu ? Y avait-il, derrière cette étrange articulation de son prénom un effort de bien le prononcer ? Non c'était pas possible. Un petit rageux comme lui ne se serait pas écorché la langue pour arriver à prononcer le prénom d'une femme qu'il ne supporte pas. Mais Solaris, même si elle savait que Petit Maître ne la supportait pas, savait très bien ce qu'elle avait entendu. pas de doute là dessus. Il avait fait un EFFORT pour Solaris. Punaise, elle allait s'en donner à coeur joie là.

_ Bravo pour avoir réussi à le dire du premier coup, Maître Içerleme. Je suis Autrichienne, mais je ne connais pas vraiment l'origine du prénom "Solaris", puisqu'il était déjà étrange en Europe.

Après tout, des Solaris, ça cours pas les rues. Déjà petite on lui faisait la remarque sur l'étrangeté de son prénom, mais bon, la plupart du temps, les gens le trouvaient joli, et on en restait là. D'ailleurs, pourquoi déblatérer sur son prénom ? Il est normal et puis basta o/ ! De toute façon, ça ne lui donnerait pas tellement d'info sur sa propriété. Quelle impatience il avait, ce petit. Ça se voyait, et ça se sentait. Il ne valait mieux pas trop traîner en sa compagnie, pour un peu que tu sois en retard et il te saute au cou...

_ Devons-nous aller quelques part, Maître ? Vu que nous sommes dehors, autant en profiter, non ?

Allez mon petit, apprends à compter sur Maman Solaris ! Bientôt tu seras totalement dépendant ~

Spoiler:

Au moins, elle avait l'air d'avoir "compris", vu qu'elle l'avait appelé Monsieur. Même si il se doutait que ça cachait quelque chose. D'ailleurs, ça faisait très bizarre de se faire appeler comme ça, alors qu'il n'était pas encore prêt à atteindre la majorité. Il était encore considéré comme un jeune homme, voire même un (petit) garçon. Car, en enlevant son physique, il s'énervait comme un gamin. Pourtant, il faisait preuve d'une certaine maturité pour certaines choses, qu'il avait acquis pendant ces dernières années, perdant un peu son innocence. Notamment sur la nature réelle des Hommes. Même s'il s'en faisait une idée encore bien trop noire pour le moment.
Quoiqu'il en soit, se faire appeler avec autant de respect par une adulte, ça gonflait son égo, et ça, c'était bon. Malheureusement, la suite ne le réjouit pas du tout. La réaction que Solaris avait adoptée quant à sa question sur son prénom fit froncer les sourcils au jeune homme. Alors qu'il avait fait un "effort" (surtout pour ne pas qu'elle se moque de lui au départ s'il prononçait mal son nom), voilà qu'elle se moquait de lui. Quelle ingrate ! Même si elle avait fini par lui dire "Maître Içerleme". C'était même pire !

Autrichienne, hein. Il ne savait même pas à quoi ça ressemblait là-bas, mais qu'importe. Il avait eu la réponse sur son prénom. Et le fait qu'il soit étranger, même chez elle, la rendait encore plus originale. A vrai dire, il aimait bien ce prénom, c'est pour cela qu'il lui avait demandé ça, mais ne lui dirait jamais. Ca lui évoquait tout simplement le Soleil, qui apportait chaleur et lumière.

Une Européenne avec un égyptien, dans un pays asiatique. C'était plutôt amusant comme situation, même si ça ne faisait pas vraiment rire Kör, étant donné que les raisons qui l'avaient poussées à être ici n'étaient pas agréables. D'ailleurs, Solaris aussi habitait loin. Elle était Neko. Avait-elle été arrachée à sa famille? Il écarta cependant cette question, la laissant se promener au fond de sa tête, quand sa servante -et oui, c'est bien ça non?- lui posa une question.

"Devons-nous aller quelques part, Maître ? Vu que nous sommes dehors, autant en profiter, non ?"

Kör eût un air renfrogné, comme si elle avait deviné qu'il voulait bouger d'ici. Elle avait raison, il fallait profiter d'être dehors, plutôt que d'aller s'enfermer quelque part, et qui plus est à l'orphelinat. Il donna donc un petit coup sec sur le sol, via sa canne, et quitta son air hargneux.

"On pourrait toujours aller dans un parc? J'ai bien envie d'une crêpe au chocolat." dit-il, retrouvant un visage plus enfantin qu'à l'instant. L'appel du ventre, ou plutôt des papilles, puisqu'il n'était pas guidé par la faim, mais bien par la gourmandise en ce moment même.

"Et... je ne t'achèterai rien !" se rattrapa-t-il, s'embrouillant dans ses mots, histoire que tout soit bien clair. Même s'il la voyait mal manger une crêpe à ses côtés, il avait préféré la prévenir.

N'empêche qu'il se demandait quand même à quoi cette sado-maso pouvait bien ressembler. S'il touchait son visage, il pourrait se faire une petite idée, mais il ne s'imaginait pas lui tripoter la figure. Et non, ce n'était pas seulement parce qu'il se demandait s'il devrait se mettre sur la pointe des pieds...

Spoiler:

Oh ! Elle avait vu juste ! C'est fou comme c'était facile de lire dans la caboche du petit Maître. Non franchement, elle serait même capable de dire s'il préfère les macaronis aux tortellinis. Non là on vous fait marcher. Mais Solaris était franchement étonnée qu'il soit si facile à cerner. Enfin, à première vue. Il est évidement qu'arriver à deviner ses intentions ou ses humeurs ne serait pas suffisant pour arriver à le cerner totalement. De plus, son principal trait de caractère est celui qui sera sans doute le plus difficile à dompter, ses colères. Et ô combien elles seraient nombreuses. C'est sans doute ça qui allait donner le plus de fil à retordre à la nounou en herbe. Mais qu'à cela ne tienne, elle n'attendait plus qu'une chose, qu'il lui fasse une petite crise, histoire de mettre en pratique des techniques qu'elle n'a pas ... Pour le moment ~

Comme pour sonner un changement d'humeur, le petit son que produisit la cane sur le sol semblait marqué un nouveau temps. Fini le temps de l'adversité, il n'y avait, de toute façon aucunes issues. Ils étaient tous les deux buté-bornés, alors se battre ne leur servirait à rien. Sauf à part satisfaire les étranges pulsions de la neko. Mais ce genre de chose ne se font pas en pleine rue.

"On pourrait toujours aller dans un parc? J'ai bien envie d'une crêpe au chocolat. Et... je ne t'achèterai rien !"

Délicate attention. Il va y avoir du travail avant que le petit maître accepte d'assumer ses idées. C'est méchant de lui refuser une crêpe, et franchement gamin, n'ayons pas peur de le dire. C'est pas comme s'il allait au parc avec sa mère. Bon okay, extérieurement, ça pourrait y ressembler. m'enfin bon, ici, personne n'oserais confondre une neko avec un mère d'humain. Ce serait tout simplement ridicule en fait. Même si Solaris n'a qu'une oreille, c'est quand même difficile de la confondre avec un humain, étant donné la chose touffue qui pendouille à l'arrière. Enfin bon, si le petit maître veut faire valoir ses droits princiers, pas de soucis. Elle trouvera bien un moyen de lui voler deux trois trucs au passage. Ou d'ailleurs, elle ne fera rien du tout. Pas la peine de faire un plat, les choses sont comme ça, et si elle n'a rien à mangé, et bien ce n'est pas grave.

_Comme vous voulez. Si vous le permettez, je vais vous diriger vers le parc.

Quelle voix calme et monotone, pourtant si féminine. Solaris arborait un sourire cordiale, mais son petit maître état dans l'incapacité de le voir. D'ailleurs, tout ce qu'il pouvait deviner, c'est le bras de la jeune femme qui enserrait le sien. Et quoi ? Elle n'allait pas le diriger par la pensée. Non, la transformation en neko n'offre pas les pouvoirs de Superman. C'est pas faute d'avoir essayer de lancer des laser avec les yeux, ou de voler. Mais visiblement, ce n'était pas offert dans le contrat. Bon, on ressemble à Catwoman ceci dit. Tout n'est pas perdu. L'honneur est sauf comme on dit.

En voyant son petit maître se rebiffer, en tentant plus ou moins de s'échapper. Solaris fronça les sourcils, vexée. Non mais, c'est pas sympa là. Elle fait un effort pour être utile, merci de ne pas tout foutre par terre. La jeune femme attrapa la cane de l'aveugle, et lui attrapa la main. Cette fois, il n'avait pas échappatoire.

_ Puisque cette cane semble être un peu trop importante, il va falloir apprendre à l'oublier un peu. Ne suis-je pas une version améliorée ? Maintenant, ne grognez pas, ça ne sert à rien.

Alors, secoué le petit maître ? C'est que la Solaris n'est pas une femme facile. Certes, elle s'investit relativement peu dans la vie des autres, mais lorsqu'elle le fait, ce n'est pas à moitié. Et il aura beau essayer de récupérer sa cane, Solaris peut le voir, et donc l'éviter à loisirs.

Spoiler:

"Comme vous voulez. Si vous le permettez, je vais vous diriger vers le parc."

La réponse de la jeune femme, prononcée avec une certaine monotonie qui lui convenait parfaitement, surpris Kör, qui avait voulu qu'elle se vexe ou qu'elle rétorque quelque chose. Non, elle restait polie et... serviable? C'était plus qu'étrange. Quoique, non, pas tellement que ça. Elle était censée être à lui non? Elle se devait de lui obéir. Mais quand même, elle se montrait bien soumise.
La suite lui prouva le contraire, car elle lui montra qu'elle prenait les choses en main -et c'est peu de le dire- en prenant au pied de la lettre ce qu'elle venait de dire. Kör put en effet sentir qu'elle enlaçait son bras. D'un coup, une chaleur -de rage ? d'embarras ? - s'empara de lui, grimpant depuis le bout de ses orteils jusqu'à sa tête, qui prit un teint légèrement rosé. Cette distance fût telle que ce changement d'état parut instantané, si vous voyez où je veux en venir. Mais là n'est pas le sujet. Enervé, il commença donc à se débattre, s'agitant dans tous les sens pour la faire lâcher. C'est qu'elle avait de la force dis donc ! Elle n'était pas décidée à le lâcher, ce qui renforçait la hargne de l'égyptien, qui estimait ne pas avoir besoin de son aide, et sûrement pas de ce qu'il considérait comme pitié, compassion, ou bien même moquerie quant à son état d'aveugle. Cependant, elle lui prit sa canne, tout en lui attrapant le bras. Etonnamment, le simple fait de la lui retirer créa en lui une vague d'émotion qui se manifesta par une accélération de son rythme cardiaque. Solaris devait être capable de le sentir. C'était ce que Kör penserait s'il arrivait réfléchir, son cerveau étant trop occupé à trier les informations qu'il recevait en masse. Une peur peut-être. Aucun appui, plus de repère. Il avait réellement l'impression d'être perdu. Mais, Solaris le tenait pourtant. Etait-ce une crainte de devoir compter sur quelqu'un ? Une personne, un humain, auquel on ne peut faire confiance. Mais était-ce un soulagement, de pouvoir enfin se reposer sur quelqu'un, alors que depuis longtemps, il n'avait compté que sur lui-même ?
Sa réaction pouvait paraitre exagérée, mais le jeune homme étant plutôt émotif, avait encore du mal à gérer tout ce qu'il ressentait, et n'était toujours pas serein dans son esprit. Ce n'est pas pour rien qu'il voit encore un psychologue après tout. C'est pourquoi cette situation l'avait autant fait réfléchir. Les paroles de Solaris résonnaient dans sa tête, et mirent du temps à trouver un sens chez Kör. Puis, lorsqu'il comprit, il retrouva un peu de son aggressivité, desserant l'étreinte de sa main sur le bras de Solaris, encore un peu destabilisé. Gêné et en colère, les traits de son visage changèrent à nouveau, et sa voix se fit entendre:

"Rends-moi ça ! Je t'interdis d'y toucher !" réagit-il enfin. Même si pour la jeune femme, cet instant ne devait pas avoir paru aussi long que pour le gamin. "Je ne veux pas de ton aide, je sais me débrouiller !"

Il se débattait toujours, tentant, en vain, d'attraper sa canne. Au bout de trois ou quatre essais à se ridiculiser, il s'arrêta donc, encore plus en colère que jamais. La tête basse, les épaules remontées, poings serrées, il resta immobile un petit moment, à grogner et à fulminer de rage. Il ne pourrait pas récupérer sa canne. Et le seul moyen de se déplacer sans avoir l'air idiot, serait malheureusement de... Compter sur Solaris. Quelle honte il ressentait en cet instant.

"B...bien, alors conduis-moi au parc, et plus vite que ça !" aboya-t-il tout d'un coup, comme si se montrer autoritaire, et transformer ça en ordre atténuerait son humiliation. Il ne la tenait cependant pas, évitant tout contact, mais se tenait plus près d'elle qu'avant, histoire d'entendre ses pas, sa voix, et de sentir sa présence, son odeur. Mais jamais il ne s'accrocherait à elle, ça non !

Les gens se retournèrent sur leur passage, curieux de la scène qui se déroulait devant leurs yeux. Kör pouvait sentir leurs regards intéressés, et se sentait jugé de toute part. Il emboîta donc le pas, bien décidé à avancer, qu'il emprunte ou non la bonne direction vers le parc. Et si tant est qu'il s'était "trompé", il continuerait à marcher, jusqu'à tourner ailleurs pour rebrousser chemin dans une autre rue. Tout ce qu'il voulait, c'était partir.

"Bon, tu viens?" demanda-t-il à Solaris, sa question ressemblant plus à un ordre qu'autre chose. Il n'était pas près d'être tranquille avec elle, et avait l'impression qu'il ne le serait jamais.

=> Vers le Parc

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