SPIRIT
15 ans 1/2
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Voila ce qui était écrit sur la plaque qui trônait fièrement au dessus de ma cage. Les vendeurs avaient seulement pu me soutirer mon nom et mon âge. Je ne leur avait rien dit de plus et ne comptait pas le faire de si tôt! C'est à peine si ils étaient sûr que j'était un neko pour avoir vu mes oreilles en me ôtant mon bandeau, bandeau que j'avais vite fait de récupérer en leur arrachant des mains! Chaque matin, quand le soleil montait doucement dans le ciel et que ses rayons venaient me chatouiller, je m'étirais, m'adossais au "mur" qui me séparait des autres hybrides et ne bougeait que le bout des doigts pendant tout le reste de la journée. Je mangeais un peu quand les clients quittaient la boutique, les gens n'avaient pas à me voir me comporter comme un animal! Nombreux étaient ceux qui me prenaient pour un humain et se disaient qu'il devait y avoir erreur, j'avais bien ue une queue de chat lorsque j'étais tout petit mais mon père me l'avait coupé, peu importait la douleur, il ne voulait pas que l'on puisse remarquer que j'étais un neko, c'était d'ailleurs lui qui m'avait appris à me coiffer de sorte à ce que l'on ne voit pas mes oreilles! Je le faisais toujours pour bluffer les humains de temps en temps et puis comme j'étais dans cette cage, peu importait comment j'étais coiffé, comme cela c'était très bien!
Aujourd'hui encore, j'avais pris la même position que j'avais l'habitude de prendre, adossé à la parois droite de ma cage, les jambe repliées de façon à ne pas donner des coups de pieds contre la parois gauche que je fixais. Je rêvassais sans me soucier des gens qui passaient devant ma cage à vive allure ou même du temps qui passait encore plus vite. Mes doigts bougeaient en rythme sans que j'en sois moi même conscient. Mon avis était très partagé, je rêvais de toucher les touches noires et blanches d'un piano mais je ne m'en sentais plus capable, cela me rappellerait bien trop de mauvaises choses comme de bonnes qui, à force de temps, étaient devenue encore plus mauvaises que celles qui l'étaient à la base. J'étais resté ainsi longtemps, à pianoter seul dans mon coin, pianoter dans le vide. Le silence en était presque devenue la plus belle des mélodies, je préférais le silence de cette cage aux bruits de la villes: les automobilistes jouant de leur klaxon, hurlant des injures dans les embouteillages, les enfants qui chamaillaient entre eux ou frappait une tierce personne "inférieure" à eux, les ivrognes qui hurlaient et se battaient, brisant le doux silence de la nuit, la poissonnière qui braillait "qui veux mon poisson? Il est bon, il est frais, qui veux mon poisson?!". Ici il n'y avait rien de tout cela mais d'autres bruits me manquaient, tels les artistes de rue qui faisaient sonner leur musique dans les rues, les rares gens joyeux qui fredonnaient et les jeunes qui sortaient entre amis et s'amusaient autant qu'il le pouvait car le lendemain il faudra retourner en cours. C'était un monde que je n'aurai sans doute plus la change de connaitre. Pour cette raison, mon coeur pleurait en silence, ne laissant pas paraître cette tristesse sur mon visage. Ne serait-ce que par fierté!
Comme le temps passait sans que je n'y prenne garde et il était déjà presque 17heures quand je sortis, pour la première fois de la journée, de mon état de calme absolu, une bande de jeunes lycéens toutes classes confondues passaient juste devant ma cage. Ils s'arrêtèrent non loin pour discuter de ce qu'ils avaient remarqués, de leurs impressions, pour consulter leurs téléphones portables flambants neufs et vérifier qu'ils n'avaient pas oubliés leurs porte-monnaie. A la base je ne les écoutais pas vraiment mais quelque chose me frappait dans leur attitude, quelque chose qui me forçait à les observer.
"Vous avez vu ce garçon?" Lança une fille, mâchant frénétiquement son chewing-gum en désignant ma cage du doigt. "On dirait presque un gosse humain! Mais il doit être là depuis un moment, ses fringues sont super démodées!"
Je fis d'abord comme si je n'avais rien entendu mais l'envie de répondre était forte, je savais cependant que mon mutisme ajouté à mon regard froid et méprisant me donnait la particularité d'être toujours sous surveillance, malgré bien sûr que je sois inoffensif, en général! Je ne m'attendais pas à d'autres insultes du type, à d'autres commentaires sur ma personne, mon apparence, sur moi en général! Encore moins à ce que l'on remarque que je pianotais dans le vide ou que mes yeux faisaient peur mais bientôt toutes les choses que pensaient de moi la majorité des clients sortirent des bouches de ces jeunes et je commença à me sentir de plus en plus mal. Finalement la fille au chewing-gum craqua sur un neko tout jeune entreposé -si j'ose utiliser ce mot- non loin et sortis de la boutique avec, après l'avoir payé un bras et deux yeux. Les autres jeunes ne restèrent pas plus longtemps, sauf l'un des garçons, le plus jeune de tous, qui s'approcha de ma cage, regarda mes yeux et lança:
"C'est vrai qu'ils sont flippants..."
L'envie fut soudainement trop forte, je devais répondre à ce sale gosse qui osait dire cela devant moi, on devait avoir le même âge mais il n'avait pas l'air de s'en soucier, je devais être plus fort que lui, à coup sûr car il m'avait vraiment l'air d'une grosse tête! Cela aussi, ça lui était égal. Un mur nous séparait tout les deux autant au sens propre qu'au sens figuré, il était certainement un garçon de bonne famille qui voulait juste être branché tout en étant intelligent et moi j'étais un esclave qui devait juste être redevable envers les personnes qui l'entreposaient et celles qui acceptaient de s'approcher de lui.
"Fait pas de manière." Lui répondis-je. "Si t'a un problème dis le directement ça t’évitera d'avoir l'air idiot."
C'est à ce moment là que le vendeur qui me surveillait surgis, l'adolescent sortis de la boutique et courut après ses camarades et moi, je me fis réprimander. Puis le silence retomba, le vendeur retourna se cacher et moi j'attendis, toujours personne qui soit capable de s'approcher de moi pour faire autre chose qu'une critique, quoi que, les critiques c'est bien aussi, c'est déjà un contact humain. Malgré tout je préférais le silence aux critiques et je n'aimais pas que l'on m'importune avec ce type de futilités!

Le soleil perça par la fenêtre, la jeune demoiselle poussa un grognement sourd en tirant la couverture sur elle. On entra dans sa chambre, son domaine, et tira le rideau, inondant l’antre d’une pluie de lumière. On lui reprocha d’avoir encore passée la nuit sur un jeu, puis on lui ordonna de se lever et se laver, puis d’enfiler son uniforme. La petite Luna obéit à contre cœur, c’était les conditions pour qu’elle puisse obtenir ce qu’elle désirait.
La journée fut… infernale. La petite princesse dut subir les remarques des élèves de la classe, et en plus elle ne pouvait même pas avoir sa console. Après de longues et fatigantes heures, elle put enfin quitter l’horrible bâtiment qui lui tenait lieux d’école. Une grande femme à l’abondante chevelure blonde l’attendait devant les grilles. Sa gouvernante du moment, mais qui serait congédiée une fois que Luna aurait son précieux neko. Elle redressa ses lunettes de soleil sur son nez en voyant arriver la petite demoiselle, et la fit monter dans la voiture. Tout le trajet durant, elle énonça les capacités que devrait avoir le neko, mais Luna ne l’écoutait absolument pas, elle savait ce qu’elle voulait elle, donc pourquoi se soucier de l’avis d’une femme engagée pour quelques jours ?

Quand enfin elles arrivèrent à la boutique, l’adolescente mit son jeu en pause et sortie du véhicule en dégageant ses cheveux en arrière d’un geste impérial. Il y avait quelques étudiants dans la boutique choisie, mais elle les snoba bien qu’ils viennent de la même école. Se fut malgré elle que la petite princesse les entendit parler d’un des nekos. Elle soupira, décidément, ces gens n’avaient aucunes manières pour parler si fort.
Alors que sa gouvernante temporaire allait parler au vendeur, la petite demoiselle regardait les nekos. Tous étaient… banals et semblable. Aucun n’était un peu original, soit par ses couleurs, soit par son attitude. Alors qu’elle passait devant une cage, Luna se stoppa net. Là, devant elle, il y avait… un jeune garçon ? Enfin, c’est ce qu’elle crut d’abord, mais il lui sembla distinguer des oreilles. Doucement elle s’approcha, croisant les yeux rouges du neko. Des étoiles remplirent les yeux de Luna, et elle saisie les barreaux pour s’approcher au plus près.

_ SUBLIME !!!!! Tes yeux sont vraiment beaux !!!!!!!

Alerté par le cri, la gouvernante et le vendeur arrivèrent à grand pas. Luna se décrocha des barreaux et se redressa noblement. Désignant la cage d’un geste impérial. La blonde étouffa une sorte de juron, elle sortie un papier et consultât le panneau sur la cage.

_ Eum… il semble un peu jeune. Il n’a qu’une demie année de plus après tout. Elle se pencha sur le neko.
_ Il reste plus vieux non ? Donc ça passe.
_ Mouais. Dis-moi le neko, tu sais cuisiner ? Faire le ménage et tenir un appartement ?

Luna regarda le neko, à nouveau des étoiles emplirent ses yeux. Elle avait totalement flashé sur lui. La blanche de ses « poils » la sidérée, et elle trouvait ses yeux rouges, si semblable aux siens d’ailleurs, d’une beauté incroyable, hypnotique même. Elle souriait en regardant avec admiration ce neko blanc nommé Spirit.

L'originalité était une chose dont je ne manquais pas, je sortais du lot tout simplement, autant par mon apparence que par ma conduite. La couleur de mes yeux et celle de mes cheveux étaient des choses peu fréquentes que j'avais héritées de mes parents: les yeux de ma mère et les cheveux de mon père. De plus je ne regardais pas les gens qui passaient avec ce regard implorant, suppliant qu'on me fasse sortir de cet enfer. Je semblais se ficher éperdument des clients qui me regardaient et ne pas être très motivé à leur adresser la parole. D'ailleurs, à peine les étudiants avaient quittés la boutique et le vendeur avait il fini de me faire un cours sur la manière dont on doit adresser la parole aux clients -et cela consistait à répondre poliment aux questions qu'on nous posait sans nous écarter du sujet-, je retournai à mes occupations habituelles: rêvasser en silence! Enfin, si seulement cela avait pu durer un tout petit peu plus longtemps! Aujourd'hui c'était ma journée, à peine deux ou trois minutes plus tard, une autre fille portant le même uniforme que celle qui mastiquait son chewing-gum quelques minutes auparavant se posta devant ma cage et, saisissant les barreaux, s'écria, des étoiles plein les yeux:

Ma surprise fut sans pareil, d’après cette fille mes yeux étaient beaux, j’étais bien d’accord avec elle mais à l’unanimité mes yeux rouges avaient toujours été considérés comme « flippants », « moches comme tout » ou simplement « étranges » mais jamais « beaux ». Moi j’adorais ces yeux qui étaient identiques à ceux de ma défunte mère mais les gens ne semblaient pas tous d’accord à ce sujet. Quelques minutes plus tard une femme arriva, elle portait des lunettes de soleil et avait une longue chevelure blonde, ses cheveux ne m’intéressaient pas mais ses lunettes de soleil m’intriguait ! Pourquoi diable porter des lunettes de soleil dans un bâtiment à éclairage normal, à part si l’on a un œil au beurre noir qu’on veut cacher ou simplement si notre identité doit rester secrète. Comme elle surveillait la fille plus jeune qui était avec elle, je supposai que cette jeune fille était une personne riche et importante qu’il fallait protéger comme il se doit. Mon père en personne était un homme très riche aux nombreux serviteurs et ma mère était l’un de ces serviteurs. Etouffant un juron, elle se pencha vers moi, m’observa puis sortit une feuille de papier et lu ma plaque avec attention. J’écoutai vaguement ce qu’elle disait : un peu jeune ? Mais pour quoi faire ? Comme cela : « une demie année de plus » ? J’essayai de conclure : sûrement affirmait elle que je n’avais qu’une demie année de plus que la jeune fille qu’elle accompagnait, cela se confirma lorsque l’intéressée insista, affirmant qu’une demie année suffisait. Son accompagnatrice finit par céder et s’adressa à moi.

Je compris enfin ce qu’elle voulait dire par « un peu jeune », elle voulait donc faire de moi le serviteur de mademoiselle et souhaitais donc quelqu’un de plus vieux qu’elle, espérant trouver un adulte qui serait d’une plus grande aide qu’un jeune garçon d’à peine une demie année de plus. Il était vrai que je savais cuisiner …Du moins en théorie… Que le ménage n’étais pas tâche difficile et que je devrais être capable de faire toutes ces choses, en échange de quoi je serais débarrasser du gros lard qui servait de vendeur à cette boutique, c’était le rêve de tous les hybrides ici présents ! De plus la jeune fille qui se tenait près de la blonde semblait apprécier mon apparence, contrairement aux clients qui m’adressent généralement la parole. La preuve en image : ses yeux étaient à nouveau emplis d’étoiles. Je lançai un regard au vendeur qui avait encore trouvé une de ces cachettes pas du tout discrète, il me regardait aussi l’air de dire « Bon alors ! Tu réponds ! Rappelles-toi : sourire, écouter, répondre !» Je pouvais bien lui accorder cela : si je ne répondais pas, cette femme allait finir par se fâcher, abandonner et je perdrai ma chance. Je répondis donc sans le moindre sourire -Car je ne souriais jamais- à la question :
« Cela fait un moment que je n’ai plus ue une casserole entre les mains mais je sais cuisiner et faire le ménage. »
Et voila une réponse toute faite. Ce n’était pas plus compliqué que cela. Je me retins d'ajouter: sauf erreur de calcul je n'ai pas 15 ans et demi mais 15 ans 5/6.